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Le 85 Dessous des Berges : le développement d’un projet via le prisme de la Low Tech






 

Mi-2022, France Investipierre, représenté par BNP Paribas REIM fait confiance à Bouchaud Architectes pour développer la reconversion de l’immeuble de bureau situé au numéro 85 de la rue du Dessous des Berges en établissement d’enseignement supérieur privé.

 

Conscient des enjeux climatiques dont la ville de Paris s’est emparée à travers le projet du PLUb, corrélés à une conscience éthique de plus en plus présente chez les différents porteurs de projet, l’agence Bouchaud Architectes a proposé d’articuler sa réflexion autour d’une démarche Low Tech, ou plutôt d’une démarche « Juste-tech », on vous explique.

 

1/ Transformation de l’usage du bâtiment

 

Le 85 rue du Dessous des Berges a été construit dans les années 70 pour accueillir des plateaux de bureau. 70 ans plus tard, l’usage ne semble plus adapté aux utilisateurs et à son environnement en plein cœur du 13e arrondissement de Paris. Une reconversion en immeuble d’enseignement privé est alors envisagée.

 

Le challenge pour les équipes de conception de Bouchaud Architectes est alors de réfléchir à une façon de concilier les marqueurs de l’architecture des années 70 de type « bureau » à une nouvelle programmation : 2,50 m de hauteur sous plafond de dalle à dalle, et une parcelle très en longueur construite à 100% sur deux niveaux de parking entre autres.

 

Pour cela, le parcours architectural et la gestion des flux ont été placés en point de départ de la réflexion. L’immeuble du 85 donne directement sur la rue, via un trottoir très étroit. Les futurs locaux sont destinés à accueillir 500 étudiants, avec des horaires d’arrivée et de sortie en quasi-simultanées. L’objectif est alors d’éviter un effet de masse à l’entrée de l’école. 

 

Plutôt que de subir la longueur de la parcelle, les architectes ont travaillé sur la lumière naturelle crée en fond de parcelle grâce à l’ouverture d’un patio, pour attirer l’utilisateur vers le hall du rez-de-chaussée et la cafétéria du SS-1. Les lignes créées par le plafond permettent également d’orienter les flux vers le gradin.

 

Le travail du projet paysager développé par Symbiose participe également au parcours. En cœur d’îlot, le végétal se déploie du sous-sol -1 à la toiture terrasse. Ces espaces sont pensés pour que chaque usager trouve sa place : les élèves viennent réviser à l’ombre, les professeurs se détendre au soleil, les oiseaux faire un arrêt dans leur envol et les papillons et coccinelles se rafraîchir un matin de rosée.



 

2 / Étude d’une réversibilité en bureau

 

Afin de pouvoir permettre l’adaptation future de l’immeuble à un autre usage tout en limitant les travaux, le projet a été imaginé 100% réversible en bureau.

 

3/ Bâtiment sans climatisation

 

La climatisation est un marqueur important pour le confort des utilisateurs, notamment avec les températures d’été plus hautes d’une année à l’autre. Un bâtiment sans climatisation est un objectif environnemental vertueux porté par l’ensemble des acteurs du projet de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre. Pour allier engagement environnemental et confort des usagers, Bouchaud Architectes a développé, avec toute l’équipe de bureaux d ‘étude, une stratégie de rafraîchissement du bâtiment. 

 

Une étude d’ensoleillement a été menée afin d’adapter la taille des ouvertures de façades et le choix des protections solaires du projet. Le cœur de la parcelle, exposé Sud-Ouest, a été imaginé en terre crue, matériaux aux propriétés hygrométriques. La végétalisation des terrasses créées permet la mise en place d’un îlot de fraîcheur non négligeable en plein cœur de la capitale.

 

4/ Utilisation de la terre crue

 

La terre crue utilisée sous forme de BTC (Blocs de Terre Comprimée) pour toute la partie extension en cœur d’îlot provient des terres excavées du Grand Paris. Les briques proviennent de l’usine Cycle Terre de Sevran, à moins de 25 km de la parcelle du projet. La fabrication de la brique ne nécessite pas d’énergie puisqu’elle sèche plusieurs mois à l’air libre. La mise en place se fait par assemblage et sans eau. Les briques apposées sur le projet pourront, dans un futur que nous espérons lointain, être recyclés pour un autre usage. En effet, le matériau sous cette forme est recyclable à l’infini et avec très peu de perte de matière.

 



 

5/ Démarche réemploi et recyclage

 

Comme sur de nombreuses opérations, une démarche réemploi a été menée sur l’opération. Souvent jugée « gadget » ou trop coûteuse, elle est souvent réduite en cours d’opération, et parfois même complètement abandonnée pendant les travaux.

 

Afin de préserver cette démarche au sein le projet, nous avons activé plusieurs leviers. Tout d’abord, un travail entre le pôle Signature de l’Agence, et Green Affair a permis d’identifier les gisements de réemploi souhaités avec deux mots d’ordre : une facilité de mis-en place et des coûts maîtrisés. Pour cela, nous avons tout de suite exclu les gisements nécessitants des PV feu ou acoustiques (portes, menuiseries…), ainsi que les gisements pouvant nécessités de fortes réparations ou réadaptation (wc, terrazzo à recouler sur place via gisements…).

 

Nous nous sommes également rapprochés d’acteurs favorisant le recyclage pour imaginer avec eux la signalétique du projet, les gradins, et les vasques des sanitaires. Un travail en amont avec ces partenaires a permis une maîtrise de l’enveloppe budgétaire du projet.

 

Enfin, nous avons fait le choix d’orienter les entreprises lors de la consultation via un pourcentage de réemploi à respecter, ainsi qu’un objectif réduction carbone sur l’ensemble de l’opération.

 



6/ Végétalisation de la parcelle et création d’espaces de biodiversité

 

Chaque espace extérieur est pensé comme un écosystème spécifique : ce sont des abris, des refuges et point d’étapes pour la faune. Le jardin de pleine terre au niveau du sous-sol est comme un sous-bois, protéger du soleil, du vent. Les toitures du R+2 et R+3 sont des espaces baignés de soleil mais encore à l’abri. La toiture jardin est un îlot de biodiversité au milieu de la canopée de zinc parisienne. Plantes grimpantes, jardinière favorisent la connexion entre les niveaux. Et tout ce projet s’inscrit dans la trame verte de la ville : se connectant aux jardins des parcelles voisines.



 

7/ une approche globale


En conclusion, il est important de mentionner que le développement d’un projet « Low Tech » ne peut être possible qu’en s’entourant de partenaires qualifiés (Bureaux de contrôle spécialisé dans la terre crue, AMO environnement…). La confiance de nos bureaux d’études techniques est également très précieuse, tout comme celle de France Investipierre, représenté par BNP Paribas REIM assisté de DELPHA CONSEIL qui ont tous toujours su garder la ligne directrice les ambitions architecturales du projet.

 

La réponse aux enjeux environnementaux n’est pas de proposer un produit « Low-Cost » mais plutôt de penser le projet de façon intelligente, en s’adaptant à ses spécificités (orientation, morphologie, géographie…), et en définissant en collaboration avec tous les acteurs du projet les curseurs à mettre en place. »

 

Un tel projet, c’est un travail d’équipe, ainsi nous remercions tous nos partenaires : AE75, Azurlighning, Batiss, Be-Terre, BTP Consultants, CAM Ingénierie, Green affair, Innovations Fluides et VPGreen et bien sûr l’équipe de la maîtrise d’ouvrage France Investipierre, représenté par BNP Paribas REIM et Delpha Conseil.

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