Surélever, ce n’est pas construire plus. C’est regarder autrement ce qui est déjà là. À Paris, chaque bâtiment recèle une réserve de potentiel inexploité. Pourtant, surélever reste un parcours d’obstacles.

Le contexte réglementaire est dense : Plan Local d’Urbanisme, PSMV du Marais, du 7e, avis des Architectes des Bâtiments de France. Chaque secteur a ses propres règles, ses seuils, ses subjectivités. Et surtout, une culture du « c’était mieux avant » qui rend toute intervention suspecte.

Mais la surélévation pourrait être autre chose qu’une entorse au passé : elle peut être une écriture. Une façon de lire la ville comme une stratification. De révéler les époques plutôt que de les gommer. De passer du zinc, sans pastiche, en rupture lisible. De réinventer sans effacer.

Elle peut aussi être un outil programmatique. Repenser un immeuble dans sa totalité. Ajouter non seulement des mètres carrés, mais des services, des usages partagés : crèches, sport, restauration, tiers-lieux. Penser les bureaux non comme des silos, mais comme des morceaux de quartier.

Enfin, elle peut être un outil écologique. L’occasion d’améliorer les performances énergétiques d’un bâtiment, de mutualiser des fonctions, d’optimiser l’usage du foncier, d’éviter l’étalement.

Mais pour cela, il faut oser remettre en question certains dogmes. Accepter que l’existant n’est pas toujours sacré. Que la façade n’est pas l’essence du bâtiment. Et que la continuité urbaine ne réside pas dans l’harmonie, mais dans la capacité de la ville à se transformer depuis elle-même.

Surélever, à Paris, c’est parfois impossible. Mais c’est toujours nécessaire.